Conclave régional des parlementaires des pays membres du SWEDD : le déclic de création d’une structure faîtière fédératrice.
La rencontre des parlementaires des pays membres du Projet d’Autonomisation des Femmes et du Dividende Démographique au Sahel (SWEDD) ouverte le mardi 20 décembre 2022 au Palais des congrès de Nouakchott en Mauritanie a clos ses travaux le jeudi 22 décembre 2022 par une déclaration dite » déclaration de Nouakchott » qui consacre la naissance du Réseau régional des Parlementaires des pays du SWEDD.
Cette rencontre régionale intervient dans le souci de créer un espace d’échanges et de concertations entre les parlementaires du Bénin, Burkina-Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Congo, Gambie, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Togo et Tchad, réunis au sein du projet SWEDD.
En début des travaux, le Ministre des Affaires Économiques et de la Promotion des Secteurs Productifs, président en exercice du Comité de Pilotage du projet SWEDD, M. Ousmane Mamoudou Kane, a déclaré que la rencontre de Nouakchott « est une étape cruciale de notre évolution commune que nous devons mettre à profit pour marquer notre redevabilité à nos États respectifs, dans leurs quêtes quotidiennes de l’amélioration des conditions de vie de nos concitoyens ».
Il a fait un retour au passé tout en rappelant les principales dates de l’évolution des questions de population et développement, partant de la Conférence du Caire de 1994 à l’Agenda 2063 de l’Union africaine, en passant par le Sommet de Stockholm de 2014 et l’engagement des parlementaires dans la lutte contre la mortalité maternelle, infantile et la planification familiale, et l’Agenda 2015 sur les Objectifs de Développement Durable (ODD). Ces exemples ne sont pas exhaustifs.
Ousmane Mamoudou Kane se félicite des efforts consentis par les pays SWEDD. Mais, il exprime le regret que « les effets bénéfiques tardent encore à se répandre au plus grand nombre des femmes et des jeunes du continent en général et à ceux des pays de la sous-région en particulier ». Témoin ! Les indicateurs relatifs à la morbidité, à la mortalité maternelle, néonatale et infanto-juvénile et aux VBG (violences basées sur le genre) restent encore des préoccupations majeures, et à des niveaux différents selon les pays, a-t-il indiqué.
C’est le lieu, poursuit-il, de « proposer un espace fonctionnel de rencontres et de dialogue direct des parlementaires qui, chaque fois de besoin, travaillera avec les guides religieux, les communicateurs traditionnels, les chefs coutumiers, les organisations de la société civile ainsi que les journalistes organisés en plateformes opérationnelles ».
L’un des principaux défis serait, selon lui, de « créer dans un futur proche une structure faîtière avec un mécanisme capable de fédérer, autour d’une des entités déjà existantes, le potentiel des uns et des autres à travers un plan d’action régional concerté ».
M. Cheikh Fall, Représentant résident du bureau pays du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), partenaire technique du projet SWEDD, a rappelé la vision dudit projet. « Construite sur la base d’un modèle d’appropriation par les pays, en privilégiant le faire faire et en s’appuyant sur les compétences nationales ». D’où alors, il en vient à la pertinence du conclave régional de Nouakchott, « un espace de rencontre et de dialogue inclusif et participatif entre décideurs politiques, partenaires stratégiques, acteurs et parties prenantes engagés dans le processus de mise en œuvre du projet SWEDD, avec un fort focus sur l’autonomisation durable des femmes et des filles, et sur la capture du dividende démographique ».
Il est revenu également sur les avancées enregistrées dans les pays SWEDD lors de la première phase du projet (2015-2019), tout en citant notamment les « indicateurs clés, un taux de prévalence contraceptive qui est allé de 9 à 17, 5 %, la fécondité qui a baissé de 2, 83 points, une légère hausse de l’âge moyen de mariage, le baisse du taux moyen de mortalité maternelle, qui est passé de 606 à 558 pour 100.000 naissances vivantes ». Toutefois, selon lui, « les indicateurs de santé dans les pays SWEDD restent encore très faibles par rapport au reste de l’Afrique ». Ce qui suppose une implication accrue de tous les acteurs pour l’atteinte des trois zéros transformateurs, à savoir : « Zéro décès maternel et néonatal évitable, Zéro besoin non satisfait en planification familiale et Zéro violence basée sur le genre ».
M. Mohamed Fadel Taleb Hacen, intervenant pour le compte de la Banque Mondiale, a noté que malgré la crise sanitaire, la mise en œuvre du projet a enregistré en 2021 des » résultats appréciables en termes de gouvernance, en particulier la stratégie de communication sur le changement social de comportement qui a permis d’atteindre directement 463 millions de personnes grâce aux médias de masse et aux réseaux sociaux ». Trois jours durant, plusieurs thématiques suivies de débats ont fait l’objet de présentation.
Outre les parlementaires des 12 pays membres du SWEDD, les participants sont les coordonnateurs SWEDD pays, la représentante de la Banque mondiale, la directrice régionale de l’UNFPA, la directrice du projet SWEDD et point focal STR, un représentant/e de l’UA, un représentant/e de l’OOAS.
Faut-il le rappeler, le Bénin a été représenté à ce conclave par une forte délégation, elle qui, a pris une part active aux travaux.
Lancée en novembre 2015 avec l’appui de la Banque mondiale, l’assistance technique de l’UNFPA et l’OOAS, le Projet d’Autonomisation des Femmes et du Dividende Démographique au Sahel (SWEDD) compte aujourd’hui 12 pays membres. Il vise globalement à accélérer la transition démographique, à déclencher le dividende démographique et à réduire les inégalités du genre dans et au-delà de la région du Sahel.
SCom/SWEDD-Bénin
Brice TOMAVO